Une petite chronique qui laisse à réfléchir. Du moins espérons-le.
Tous les avis sont les bienvenus.
Promis, mes chroniques barges reviennent après celle-ci. Faut rire un peu (beaucoup) hein ?
Enfin bref.
Dernièrement, un article a fait débat sur la toile.
Cet article traitait de la réalité virtuelle. Mais pas n'importe laquelle.
Dans cette VR, une mamange retrouvait sa petite fille décédée comme si elle était réelle, vivante.
Sa voix, son allure, ses expressions, ses vêtements, son odeur… Tout y était, il ne manquait rien. Dans un jardin aux airs de paradis, évidemment.
La scène des retrouvailles était filmée. On pouvait voir, ressentir ce mélange d'émotions que cette maman éprouvait.
Mélange de joie, de soulagement, de chagrin infini, de culpabilité aussi.
Des larmes bouleversantes, la voix étranglée de cette mère, déchirante et face à elle, sa petite fille qui lui demandait pourquoi elle l'avait abandonné. Culpabilité.
Puis vint le moment de se dire au revoir. Et la petite fille s'en fut et disparut. Et la maman pleurait toutes les larmes de son corps.
Oui, c'était de l'émotion à l'état brut. Si brut que nul ne pouvait rester insensible à cette scène surréaliste, comme tirée d'un film de science fiction, ou même se projeter à la place de cette mère endeuillée.
Qui n'a jamais rêvé de revoir, ne serait-ce qu'une seconde, un être disparu, lui parler, le toucher, le serrer fort dans ses bras, s'excuser, lui dire je t'aime et plein d'autres choses encore ?
Qui n'a jamais souhaité échanger sa place sur terre l'espace d'un instant pour permettre à des personnes de se retrouver ?
Bon, évidemment, ceux qui ont la chance infinie de n'avoir jamais connu ce chagrin, ce deuil, ne comprendront peut-être pas ce raisonnement un peu malsain (?).
D'autres, ayant déjà connu la perte d'un être aimé, avec ce goût d'inachevé, ne comprendront peut-être pas non plus ce genre de questionnement.
Il n'en est pas moins que cette réalité virtuelle a été crée pour cela. Pour des retrouvailles virtuelles avec ceux qui nous manquent atrocement et qui ne peuvent revenir.
Je fais parti de ces personnes qui donneraient cher, très cher pour un moment de plus avec mon fils et ma sœur, notamment. J'ai tellement de choses à leur dire…
Quand j'ai vu cette vidéo, j'ai aussitôt pensé à ma maman, qui doit vivre la fin de sa vie sans sa fille, dans ce manque, tout en sachant le mal de chien que ça inflige. Et je ne parle même pas de mes neveux.
Je me suis demandée si ma mère aurait réalisé cette expérience. Je lui ai posé la question.
Je me suis demandée si je l'aurais fait moi-même.
Eh bien, dans les deux cas, la réponse est non.
De mon point de vue, c'est mauvais. C'est une mise en abyme de la mort. Un truc à nous rendre complètement cinglés, dépressifs, dépendants.
Oh oui, je sais pertinemment que ce qui m'empêcherait de vivre cette expérience, c'est de devoir dire au revoir/adieu de nouveau. Je ne le supporterai pas.
Et je sais aussi que le goût d'inachevé ne disparaîtrait pas.
Je serais capable de me ruiner pour payer cette réalité virtuelle encore et encore et encore pour me bercer dans cette illusion quasi réelle que ma sœur est toujours là, bien vivante, que je lui parle, qu'elle me répond, qu'elle sent bon, qu'elle est belle, que je la touche.
Mais ce ne serait pas elle. Ce ne serait pas ses réponses, juste une projection de ce que j'aimerais qu'elle me dise.
Et le retour à la réalité vraie doit être tellement vide et insipide après ça.
Comment faire un deuil sans souffrir de l'absence et finir par l'accepter si virtuellement on ressuscite des personnes décédées ?
Il ne s'agit pas d'une tombe où se recueillir, ni d'une photo ou d'un souvenir.
La question éthique se pose belle et bien.
Libre à chacun d'en penser ce qu'il veut. Je ne jugerai certainement pas. La douleur et le manque nous poussent tellement dans nos limites.
Ce qui est flippant, dérangeant, toujours selon mon petit avis, c'est cette sensation, prouvable, que la technologie a pour but, autre que cette quête malsaine pour l'immortalité, de nous en rendre esclaves, en nous séduisant par nos propres vices, afin de les assouvir : la jalousie, le contrôle, lire dans les pensées, se téléporter, se souvenir de tout, espionner, se venger, et j'en passe des pires et des pires.
C'est un tableau assez sombre c'est vrai mais réaliste hélas.
Oui l'humain est ainsi fait. D'autres moins que plus heureusement.
Il y a une série qui existe : Black Mirror.
Je me souviens encore du tout début où j'ai commencé à la regarder et la trouvais hallucinante. Je me demandais si le monde serait semblable à cette fiction si la technologie permettait d'aller aussi loin.
Après quelques recherches, j'ai été terrifié de voir que des anciens épisodes étaient déjà réalité. Je vous laisse le soin de la curiosité si vous le voulez. Pas mal de sujets traitent déjà de ces "coïncidences".
Alors est-ce la fiction qui s'inspire de la réalité ou la réalité qui profite de la fiction ?
En attendant, je pense que nous sommes déjà allés trop loin. Mais l'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions ?
Je vais clore cette chronique sur une citation malgache très connue et moins sinistre :
Les morts ne sont vraiment morts que lorsque les vivants les ont oubliés.