N'est-ce pas dans les imperfections que la beauté, celle qui ne s'altère jamais, réside ?
Je me fiche d'être belle. Pour la simple et bonne raison que je ne le suis pas et que ce n'est pas le but de ma vie.
J'ai un physique agréable et passe-partout et cela me suffit.
Je suis banale, dans le bon sens du vocable.
Une banalité qui m'a poussé, parfois, à me scruter de près.
Si je devais me décrire, je dirai que si on se penche sur chaque partie de mon visage ou de ma plastique, ce n'est pas très avenant.
Mais le tout mit bout à bout donne un ensemble asymétriquement cohérent :
J'ai un grand front plissé depuis toute petite. J'aime beaucoup, sur mon visage, ce wifi*. Et particularité rigolote, j'ai un petit trou dessus aussi.
J'ai un sourcil plus bas que l'autre et un œil sensiblement plus petit.
La couleur de mes yeux porte un nom depuis peu (Hazel). Avant c'était couleur indéfinie.
Mes cheveux sont aussi indisciplinés que moi. À croire qu'on a la crinière de notre personnalité ?
J'ai une narine de forme différente de sa voisine, tout comme mes oreilles et la cloison nasale déviée.
Et pour clore en beauté (ah ah) j'ai le menton volontaire.
Ne dit-on pas que c'est l'apanage des êtres extraordinaires ?
(Ah non, ça c'est dans le Disney Hercule, misère !)
Quelques petites rides ont commencé à faire leur apparition.
Mes petites rides d'expression.
Et ce qui me comble c'est que la première n'a pas été celle de ceux qui froncent leurs sourcils bien trop, la ride du lion.
Non, la première est la ride des rieurs, des guillerettes.
J'en ai fait la découverte à l'occasion d'une remarque coquette me disant tout charmant que mignonne était ma fossette.
Je n'ai jamais eu de fossettes.
Je suis physiquement asymétrique.
Sentimentalement aussi, ce qui est loin d'être ironique.
L'asymétrie sentimentale est celle qui fait terriblement mal.
J'ai le palpitant en désaccord avec l'occipital.
Si j'ai accepté mon physique, je n'ai pas encore totalement apprivoisé mes émotions.
Pourtant j'ai depuis bien longtemps atteint l'âge de la raison.
Eh oui, comme le dit avec aise notre ami Blaise :
Qui du cœur ou de la raison ?
Je me pose encore la question.